Amanohashidate, le « Pont du ciel »

Le première des trois vues est Amanohashidate est une bande de sable de 2,5 km, située dans la préfecture de Kyoto, mais dans un recoin beaucoup moins visité que l’ancienne capitale impériale. Il faut près de deux heures de train ou de bus, avec un changement à Fukuchiyama, pour rejoindre ce littoral de la mer du Japon.
Le « Pont du ciel » (traduction littérale de ama-no-hashidate) se découvre depuis plusieurs points d'observation, accessibles à chaque extrémité de l’étonnante bande de sable. Amanohashidate se traverse facilement à pied ou à vélo, ce qui permet d'apprécier plages et pins, et est entouré de sites sacrés à découvrir. Mais la bonne manière d'apprécier le pont du ciel est bien d'escalader les collines alentours.

Enfin « escalader » est un bien grand mot. Le point de vue sud, le parc Amanohashidate Viewland, est accessible en télésiège monoplace et sans barrière. Il abrite un parc d’attraction un peu défraîchi mais plutôt rigolo, qui permet de découvrir la langue de sable depuis un monorail à pédale ou en empruntant un curieux itinéraire surélevé.
En haut, des plateformes sont disponibles pour pratiquer le matanozoki, la position classique pour observer Amanohashidate. Il faut tourner le dos au paysage, pour plonger la tête entre les jambes et déguster le panorama à l'envers. Vue sens dessus-dessous, Amanohashidate est un dragon qui virevolte dans une mer de nuages.
Miyajima et son torii flottant

C’est bien grâce à l’île d’Itsukushima, plus connue sous le nom de Miyajima, que les trois vues du Japon apparaissent parfois dans les guides et sont connues de certains visiteurs étrangers. Pour les voyageurs qui suivent l'itinéraire habituel de découverte du Japon (Tokyo-Kyoto-Osaka-Hiroshima), la traversée à Miyajima est un incontournable de la dernière étape, qui permet aussi de rencontrer les cerfs sika japonais.
Miyajima est un site exceptionnel, mais constitue aussi un plongeon dans le tourisme de masse. Le meilleur moyen d'apprécier plus tranquillement la vue sur la baie et le torii qui en émerge reste de passer une nuit sur l'île. Il y a moins de visiteurs en soirée et à l'aube. Sans compter que la lumière du matin met en valeur le site – et que le grand portail est éclairé au début de la nuit.

Difficile de ne pas apprécier la deuxième des trois vues du Japon, tant elle est une référence mondiale de la culture japonaise. Sauf peut-être pour le monde qui la visite à longueur de journée, et à longueur d'année ! Miyajima n'est pas, à de rares exceptions près, une visite tranquille. Les deux compagnies de ferry qui relient l'île sacrée à Honshu, en environ dix minutes, déversent sur l'île les voyageurs du monde entier.
Dans l'histoire, avant la mise en place de lignes régulières, la découverte de Miyajima commençait en naviguant sous l'immense torii, pour rentrer comme il faut dans le monde spirituel que constitue l'île. Il est désormais possible de le voir de près en stand up paddle, ou en attendant la marée basse pour s'en approcher à pied. Le torii « flottant » est une impressionnante structure autoportante, sans fondation, qui tient debout grâce à sa propre masse. La marche dans la baie permet aussi de découvrir le portail sous un jour nouveau.
Matsushima et ses centaines d’îlots épars

Dans la préfecture de Miyagi, Matsushima et ses 260 îlots couverts de pin sont une destination ancienne du tourisme national, depuis que Basho l'a vanté. Le célèbre poète voyait en elle « la plus belle baie de tout le Japon » Mais malheureusement pour les locaux, le poète célèbre n’a jamais écrit de haïku à son sujet, se contentant de faire son éloge en prose. Ce qui n’empêche pas de lire un poème apocryphe dans tous les recoins de la grande baie : « Matsushima / Matsushima ! / Ah! Matsushima ».
La baie et ses îlots épars ont bien changé depuis la période Edo, avec plus de constructions que dans les siècles passés. Avec très peu d'étrangers, comme à Amanohashidate, le site permet de découvrir encore un autre visage de l'archipel. Un visage qui peut se révéler protecteur, car les îlots épars ont permis à la baie, sur la côte du Pacifique au nord de la préfecture de Fukushima, d'échapper en partie à la vague dévastatrice de mars 2011.

La baie est un grand site sauvage que l'on peut arpenter pour retrouver les shitaikan, quatre points de vue panoramique que vantent les arts japonais. La quête peut se révéler laborieuse, car les voies du tourisme n'ont pas suivi celle de l'histoire. Contrairement au port central de la cité de Matsushima, où l'on rencontre un faux château-observatoire, de nombreuses boutiques de souvenirs et des restaurants d’huîtres, les sentiers qu'ont arpentés les artistes sont pleins de broussailles et peu courus.
La solution la plus pratique pour découvrir la baie de Matsushima est la voie maritime, en embarquant par exemple pour la Basho cruise. Sinon, au niveau du port de Matsushima, l'un des points de départs, plusieurs ponts rouges permettent de rallier deux îles parmi les plus proches du rivage, pour y découvrir le temple Godaido, fondé ici en 807.
Informations pratiques sur les trois vues du Japon :
Comment aller à Amanohashidate ?
Rallier Amanohashidate se fait depuis Osaka ou Kyoto. Il faut tout de même compter deux heures de voyage.
Depuis la gare de Kyoto, emprunter la ligne JR Hashidate puis changer à Fukuchiyama pour prendre le Tango Relay (compter 4700 yens en tout). Depuis Osaka, ce sera la JR Kounotori suivi du même changement à Fukuchiyama (compter 5580 yens).
Comment aller à Miyajima ?
Miyajima est voisine de Hiroshima. Pour s'y rendre, emprunter un ferry depuis le terminal qui se trouve à la gare Miyajimaguchi, sur la ligne JR Sanyo à 50 minutes du centre-ville. La traversée prend10 minutes (180 yens l’aller).
Trajet direct possible depuis le parc du Mémorial de la paix (55 minutes et 3600 yens aller-retour).
Comment aller à Matsushima ?
Matsushima se situe à l’est de grande ville du nord de Honshu, l'île principale de l'archipel japonais. En train depuis Tokyo, la rallier en shinkansen (avec le Akita ou le Tohoku Shinkansen), prendre ensuite la ligne JR Tohoku jusqu’à Matsushima (3 heures et environ 11 000 yens en tout).
Article rédigé par les blogueurs Nippon 100. Retrouvez-les sur le Coin des Blogueurs lors de nos prochaines éditions du Salon Mondial du Tourisme à Paris et du salon Tourissima à Lille !