En route pour le Connemara
Dès la sortie de GALWAY, capitale du comté située sur la pointe ouest irlandaise en empruntant la N59 vers le nord, se trouve le Lough Corrib. Ce lac est réputé pour ses nombreuses îles, dont la fameuse Inchagoil Island qui abrite un ancien monastère datant du 5ème siècle et contempler la beauté et le calme de ce lieu très prisé des pècheurs est un vrai plaisir tout en apercevant au loin quelques cygnes avançant sur l’eau avec des gestes gracieux presque cérémoniaux.
C’est en arrivant à hauteur de Maam Cross, situé à mi-chemin entre Galway et Clifden quand on aperçoit les premiers versants des Maumturk Mountains que l’on pénètre vraiment dans cette région mythique qu’est le Connemara. Loin des agitations de la ville et de la civilisation, cette région de lacs, de montagnes et de landes inhospitalières, ajoutée à son éloignement, lui a valu de rester préservée de toute présence humaine excessive avec, ici et là, quelques zones de verdure ou paissent les inévitables moutons. Majestueux et magnifique, ce fascinant territoire se déploie dans un décor très sauvage ou les paysages contrastés se fondent dans ces immenses montagnes sombres et silencieuses dominant de grandes étendues de landes rousses.
Un paroxysme de couleurs
La région du Connemara présente également plusieurs visages, avec un littoral particulièrement déchiqueté et présentant des anses profondes ou les montagnes viennent s’enfoncer dans la mer, et celui de l’intérieur au sol ingrat de rocailles, landes et tourbières parsemé de lacs et au climat venteux. En arrivant au cœur des Maumturk Mountains et tout en marchant à travers les chemins rocailleux et sinueux bordés de pierres, nous observons le rayon de soleil qui se faufile à travers les nuages et qui donne aux paysages de multiples tons alliant le vert, le jaune et le roux offrant à la nature un paroxysme de couleurs à la fois magique et féérique.
Lorsque l’on sillonne le Connemara, impossible de passer à côté de ces longs monticules dressés et parsemés dans les peatlands (Tourbières) situés, pour la plupart, dans la Lough Inagh Valley. Dans les pays très humides comme l’Irlande, ou le niveau de pluviométrie atteint 250 jours par an, la persistance d’un sol détrempé favorise le développement de plantes de type hydrophile comme la sphaigne et la particularité de cette plante, à l’origine de la création des tourbières, est de puiser l’oxygène tout en absorbant l’eau empêchant les matières mortes de se décomposer.

Des valeurs ancestrales
Durant notre trajet sur la R334 qui nous amène à Kylemore Lough, nous arrivons dans la Lough Inagh Valley qui est ceinturée des deux côtés de la route par les massifs somptueux des Maumtur Mountains et des fameuses Twelve Bens ou Twelve Pins (Douze Sommets) qui représentent le cœur même du Connemara. Aux abords du Lough Inagh qui borde cette radieuse vallée, apparaissent les fameuses Peatlands (Tourbières) qui donnent, de par leurs formes et leurs inclinaisons, une touche un peu rationnelle à ces paysages à la fois lointains et invitants ou la vie sauvage règne en maitre.
En marchant le long du lac de Kylemore Lough, ou la vue sur les Twelve Bens est absolument superbe, nous croisons un irlandais qui nous salue en Gaélique et nous lui répondons par un Hello qui le fait sourire tout en nous faisant un signe de la main. Fiers de leur richesse culturelle et très attachés aux valeurs ancestrales, les irlandais tiennent à conserver leurs traditions, très souvent transmises de génération en génération, qui vont de pair avec leur sens de l’hospitalité comme le sont tous les peuples issus des terres celtiques.

Autant d’îles que de jours de l’année
D’une longueur de 16 kilomètres et séparant les comtés de Galway et de Mayo, le fjord de Killary Harbour qui s’étend jusqu’à Ben Gorn à proximité de Devilmother, est un site majestueux qui nous rappelle la beauté naturelle des fjords de Norvège avec ses montagnes magistrales entre lesquelles s’engouffre un bras de mer. En suivant la sinueuse route côtière en direction de Leenane qui marque la fin du sentier côtier du Connemara, nous apercevons sur l’autre rive, imposantes par leurs tailles et romanesques par leurs formes, les Mweelrea Mountains.Une des particularités de ce fascinant pays qu’est l’Irlande, c’est la juxtaposition permanente de paysages époustouflants, intégrant tout ce que la nature à de plus noble, avec une histoire riche et un patrimoine admirablement préservé.
Après Leenane et les cascades de Aasleagh Falls, remontons sur la R355 et cap sur Louisbourgh, porte d’entrée de Clew Bay dans le comté de Mayo, troisième plus vaste comté du pays, qui offre une grande variété de paysages avec les régions couvertes de marais du nord qui contrastent avec les montagnes du sud ou les panoramas changent de vallée en vallée. Avant de rejoindre Wesport, nous nous arrétons prendre une bière dans un pub au village de Leckany au pied de la montagne sacrée des irlandais, la majestueuse Croagh Patrick. En face, de l’autre côté de la baie, apparaissent au loin The Achill and Clare Islands qui sortent progressivement de leurs manteaux de brume. Nous sommes au cœur de Clew Bay, une des plus belles baies d’Irlande et du monde et dont la légende dit qu’elle compte autant d’iles que de jours de l’année.

Situé à quelques kilomètres à l’ouest de Wesport dans la province de Murrisk, le Croagh Patrick est une montagne caractéristique par son coté surréaliste, surgissant en bord de mer tel un volcan. Nous en entamons l’ascension par son côté ouest parmi ses chemins rocailleux et escarpés bordés de landes et de bruyères aux couleurs violettes et rousses. Les vues que l’on peut admirer une fois en haut sont multiples et variées avec toutes ces iles qui se dressent au milieu de Clew Bay un peu comme des nuages dans le ciel. Lors de notre retour, nous prenons le temps de nous désaltérer près d’une source ou coule cette eau si pure et limpide, véritable trésor de fraicheur qui descend de la montagne.
Le lendemain matin, lorsque notre avion décolle de l’aéroport de Charlestown en direction de Dublin, avant de rejoindre la France, nous observons une dernière fois, à travers le hublot, cette terre belle et rebelle qu’est l’Irlande avec ses grands espaces sauvages ponctués d’éclats de lumières magiques qui nous a fascinés par sa beauté naturelle et sa richesse culturelle.

Article écrit par Gabriel Page
Membre du Groupe LINKS CONSEIL
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