Chichibu, le cœur battant des Alpes japonaises
A un jet de pierre de la capitale, par-delà les cimes verdoyantes des Alpes japonaises, un Japon différent apparaît, plus sauvage et spirituel qu’au cœur de Tokyo. Après 1h20 de train, on débarque à Chichibu, dans le cœur battant du pays, et on s’émerveille de paysages dignes d'un film d'Hayao Miyazaki. Ici, c’est le royaume des shibazakura, ces fleurs roses, blanches et pourpres, notamment dans le parc Hitsujiyama en avril et mai. Mais on ne vient pas à Chichibu et Nagatoro uniquement pour ça. On remonte également ici au temps des empereurs d'antan, des prêtres shinto et des samouraïs. C'est également un gigantesque terrain de jeu à ciel ouvert et d'innombrables chemins de randonnée sillonnent les forêts, gravissent les collines et courent le long des rivières. Les festivités sont elles aussi très réputées et, outre les floraisons printanières, on vient ici dans la fraîcheur de l'hiver pour apprécier la chaleur du Chichibu Yomatsuri, l'un des trois plus grands festivals de chars du pays, reconnu par l'UNESCO en 2016. Les plaisirs de bouche, ne sont pas non plus en reste. Avec une multitude de délicieux cafés et restaurants, les tables locales font honneur à la gastronomie nippone : le Washoku, également classé à l'UNESCO depuis 2013. Pour les amateurs, il y a aussi de quoi se régaler aux distilleries de saké et de whisky, les single malts japonais n'ayant plus leur réputation à faire. Enfin, les férus de manga verront Chichibu comme un lieu de pèlerinage, la ville ayant inspiré la série Anohana. Seibu s'est également servi du sanctuaire de Mitsumine pour son animé Chi chi bu de bu chi chi.

Shiga, la « capitale de l’eau »
A dix minutes de Kyoto, la préfecture de Shiga, baignée par le lac Biwa, offre une nature omniprésente. La « capitale de l’eau » du Japon, c’est aussi des activités diverses et variées, des spécialités culinaires de premier ordre et un patrimoine très riche. Car ici le mont Hiei et ses temples anciens sont le berceau du bouddhisme japonais. Ici chaque être vivant possède la nature bouddhique en soi-même. La religion, la nature et l'être humain se retrouvent pour former une harmonie parfaite. Parmi ces sites, le plus notable est sans aucun doute Enryaku-ji, inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1994. De nos jours, les moines du temple ont réaménagé le monastère pour offrir aux visiteurs la possibilité d’y passer la nuit ou juste une journée afin de les initier aux principes fondateurs de leurs croyances pleines de sagesse et d'humilité. Le sanctuaire d’Ōmi-jingū est devenu célèbre pour être le lieu où se déroule l'action de Chihayafuru, un manga très populaire. Dans la ville de Hikone, voyagez dans le passé en visitant son château, véritable monument, symbole de l'hégémonie des clans de samouraïs, élite guerrière légendaire de l'époque féodale. Le château de Hikone fait partie des rares grands châteaux originaux du Japon ayant résisté aux guerres et différentes catastrophes naturelles et c'est aussi l'un des plus anciens. Construit avec les ruines d'autres châteaux, son intérêt principal est le paysage qu'il offre à ses visiteurs.
Mais la nourriture locale fait aussi partie du quotidien des habitants. Dans chaque restaurant où vous irez, c'est avec grande fierté qu'on vous rappellera que l'eau qui a été utilisée pour préparer votre thé provient des sources pures des montagnes des alentours ou encore que le poisson dans votre assiette a été pêché le matin même dans le grand lac voisin. Shiga est aussi la terre d'origine du bœuf d’Omi qui, même s'il est moins connu dans l'Hexagone que son cousin de Kobe, n'a rien à lui envier en termes de qualité. Son persillage accru lui procure une saveur et une tendreté exceptionnelles ; posé sur votre langue, il fondra tel du beurre sur une poêle. Enfin, on ne peut pas parler des spécialités de la région sans évoquer ses producteurs de saké : il existe dans la préfecture plus de 30 brasseries qui produisent des sakés plus originaux les uns que les autres.
Pour finir, la région est aussi connue pour ses activités sportives et culturelles. À Biwako Valley, se trouve le plus haut terrain d'aventure à grands frissons du Kansai situé à 1 100 m d'altitude. Les sept parcours de « Tyrolienne » du parc nécessitent environ deux heures pour les découvrir tous et vous pourrez y découvrir une vue plongeante unique sur le lac Biwa. Vous pouvez aussi profiter facilement des promenades au bord du lac en louant des vélos et essayer de relever le défi du tour complet du lac en trois jours. À Sunai-no-Sato, vous trouverez les fabricants de confiseries traditionnelles les plus réputés du pays. Vous pourrez aussi y confectionner vos propres créations de pâtisseries japonaises sous l'encadrement d'une équipe de confiseurs hautement qualifiés. On vous proposera aussi de participer à une cérémonie du thé inspirée du bouddhisme Zen. C'est un rituel chorégraphié très précis. Chaque geste de l'hôte de la cérémonie doit prendre en compte ses invités. Chaque détail a son importance notamment la position des ustensiles. Le but étant de partager avec ses invités un moment de détente absolue.
Shinagawa, le cœur spirituel de la capitale
Si Tokyo est l’une des destinations shopping les plus prisées du monde, il ne faudra pas hésiter à s’échapper de l’hyper-centre car chaque quartier a une ambiance singulière. À une demi-heure à peine de métro au sud-ouest du cœur de la cité, le Togoshi Ginza Shopping District de Shinagawa n'accueille pas moins de 400 petits commerces sur 1,3 kilomètre. Plus grande rue du genre à Tokyo, elle a néanmoins su conserver son attrait pittoresque et reste presque entièrement délaissée des tour-operators et cars de touristes, qui lui préfèrent les districts centraux. Tout juste sorti de la station Togoshi-Ginza, en plein milieu de l'artère, un signe ne trompe pas : pas un seul étalage de souvenirs à l'horizon. C'est un luxe dont on a perdu l'habitude dans les agglomérations européennes ; nous sommes plus coutumiers des foules des Champs-Élysées ou d'Oxford Street, que des petites enseignes de quartier. Ici, la tendance est encore aux boulangeries, aux fleuristes, aux poissonniers, aux primeurs, à la vente de gâteaux Taiyaki, aux boutiques de jouets ou de cosmétiques et, surtout, à la street food. Elle s'y montre sous son meilleur jour et ravira tous les amoureux de cuisine japonaise : le Washoku, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. Derrière la pléthore de devantures colorées qui se succèdent sous les arches et les banderoles, se révèlent des adresses intimistes à petits prix. Si le choix est aussi varié que difficile, il faudra se laisser guider par les odeurs et les menus, tous plus alléchants les uns que les autres. Au programme, des ramens, des viandes savoureuses, des poissons frais, des brochettes de boulettes, mais aussi la célèbre anguille grillée Unagi. De quoi confirmer les connaisseurs et convaincre les hésitants…
Toutefois, Shinagawa ne mise pas uniquement sur sa rue commerçante pour combler les habitants de la capitale et sait aussi se donner en spectacle. À l'hippodrome de Oi, les événements sportifs équestres de Tokyo City Keiba ne se présentent plus et sont les seuls du genre dans la métropole. Ils attirent aussi bien les connaisseurs que les curieux, à seulement dix minutes en monorail de l'aéroport Haneda. Les paris n'étant autorisés au Japon qu'à l'occasion des courses de chevaux, de vélos, de motos et de bateaux, on comprend aisément pourquoi nombre de parieurs affluent ici dans l'après-midi et en soirée pour tenter leur chance. Et pour tous les férus de sport, Shinagawa accueillera même les épreuves de volley et de hockey sur gazon, lors des Jeux olympiques de Tokyo en 2020.
Tsuruoka et Niigata, traditions millénaires et gastronomie
Tsuruoka est une terre spirituelle aux traditions millénaires. La très forte identité spirituelle de Tsuruoka est incarnée par les Dewa Sanzan, « les Trois Monts Sacrés » de Haguro (414 m), Gassan (1 984 m) et Yudono (1 504 m), qui trônent sur son arrière-pays. Leur écrin de nature imperturbable est le berceau du shugendō, un culte à la synthèse du bouddhisme et du shinto, caractérisée par des rites stricts et une conduite rigoureuse. De cet héritage fortement imprégné de religion et de respect envers la nature, la cuisine de Tsuruoka a gardé une alimentation souvent végétarienne, voire même végétalienne. Le shojinryori, « cuisine pour l'élévation spirituelle » en est l'exemple-même. Ce régime est celui des yamabushi, qui s'interdisent de manger tout produit animal et consomment essentiellement des sansai, « les légumes de la montagne », mais aussi du gomadofu, un tofu au sésame très populaire.
Si le poisson demeure tout de même une spécialité, c'est surtout le riz blanc qui est la star des recettes locales.
De son côté, Niigata véhicule bien souvent une petite image d’Épinal tout à fait japonaise et beaucoup de gens y associent encore les rizières, le saké et les champs à perte de vue.
Le riz que l'on cultive ici est d'une finesse et d'une qualité incroyables. Son caractère subtilement piquant en fait une excellente base culinaire mais contribue surtout à placer le département au palmarès des grands centres de production de saké, avec plus de 92 distilleries implantées.
Au-delà de son ravissant terroir, Niigata est aussi riche de son passé et de son activité portuaire. Depuis 300 ans, la ville se trouve sur la route maritime Kitamaebune, au carrefour entre Hokkaidō et Osaka. Durant l'ère Edo (1603-1868), elle est même tout aussi prospère que Tokyo ou Osaka. Les marchands fortunés qui s'y installèrent alors réclamèrent plus de divertissements et les bars et restaurants commencèrent à couvrir les rues du centre. C'est dans le vieux cœur historique, Furumachi, que l'on effleure les traces de ce passé et son patrimoine toujours bien palpable. On y propose des mets raffinés et délicieux depuis 1846, tels que la soupe Noppejiru, à base de poisson, de pommes de terre, de crabe, de konjac et de champignons.
Parmi les autres spécialités de la ville, on retrouve par exemple le Nodoguro, espèce endémique de bar, ainsi que le pois Kurosakichamame, dont la texture moelleuse et le goût suave le distingue des 40 autres variétés de pois edamame.
Sapporo, Matsumoto, Kagoshima, trois cités immanquables
Sapporo, sur l’île d’Hokkaidō, est la première de nos trois étapes. Le mont Moiwa se trouve au milieu de la métropole. Et c’est un lieu sacré pour un peuple natif du nord du pays et de la Sibérie, les Aïnus. De là-haut, on admire avec bonheur les paysages du coin. Si Sapporo n’abrite pas de temples millénaires ou de châteaux, son grand symbole est sa Tour de l’Horloge. Et la ville, berceau de la première bière japonaise la Sapporo Beer, brassée pour la première fois en 1876, accueille chaque année au début du mois de février le festival de la neige. Et ce sont plus de deux millions de visiteurs qui se pressent à Sapporo pour prendre en photo de gigantesques sculptures de neige et de glace.
La deuxième étape conduit dans la préfecture de Nagano à Matsumoto, une ville qui possède l’un des plus anciens châteaux du Japon. Construit il y a plus de 4 siècles par le clan Ogasawara, le château a été classé trésor national et la vue depuis son donjon sur la vallée de Kamikochi est à couper le souffle. Car Matsumoto est aussi un point de départ idéal pour découvrir les Alpes japonaises. Que ce soit avec des chaussures de marche ou sur un VTT, les randonneurs se régalent en été et en automne. Et, quand la neige tombe, place au ski et au snowboard. Et, grâce aux 16 sources thermales de la région, c’est toute l’année que l’on pourra profiter d’un bon onsen alpin.
Enfin, tout au sud des îles principales, dans la baie de Kinko, Kagoshima possède de nombreux volcans actifs, notamment le célèbre Sakurajima. Inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, le volcan fait partie du parc Kirishima-Yaku. Ici, il faudra aller jeter un œil à la demeure seigneuriale Iso de la famille Shimadzu, et du jardin Sengan-en. Juste en face du volcan, voilà un remarquable jardin japonais, qui permet de finir son road-trip japonais en beauté.
Utile. Pour préparer au mieux son voyage.
OFFICE DE TOURISME DU JAPON - Plus d’informations sur le site
Article de Baptiste Tharreau
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