Palmiers

LE LAC TITICACA

Il y a les 7 merveilles du monde construites par l’humain et les 7 merveilles construites par la nature. Parmi elles, le lac Titicaca.

Se retrouver en mer à 4 000 mètres d’altitude, naviguer sur les vagues aigues-marines, sous un firmament totalement bleu où l’horizon ne semble jamais très loin, pour ensuite débarquer sur le ponton de la plus grande île du lac Titicaca, l’Île du Soleil… Tout cela nous fait oublier que nous nous trouvons sur la cordillère des Andes, qui parcourt l’Amérique du Sud de la Colombie au Chili en longeant l’océan pacifique.

Le lac est immense, ce n’est peut-être pas un océan mais tout de même une mer intérieure, avec ses 8 560 km² et sa profondeur maximale de 280 mètres. Depuis la cime des montagnes de l’Île du Soleil, on peut apercevoir d’autres îles qui lui tiennent compagnie, comme l’Île de la Lune et autour, la mer sillonnée de bateaux. Pour compléter le tableau, on voit au loin les cimes enneigées de la cordillère, qui forment un mur de neige à plus de 6 500 mètres d’altitude*. Nous sommes au-dessus des nuages, comme dans un rêve éveillé.

Sur l’Île du Soleil, la plus grande du lac, côté bolivien, et qui est apparemment le berceau de la culture Inca, nous trouvons des vestiges archéologiques de toutes sortes. Dans cette île, on monte et l’on descend, ses collines sont assez hautes, et taillées en terrasses pour pouvoir y cultiver en « chacras **». Pour s’y promener, si nous avons l’occasion et la force de monter sur ces collines, nous devons marcher lentement et respirer profondément, car nous nous trouvons à plus de 4 000 mètres d’altitude. Le manque d’oxygène se ressent. Toutefois, les habitants de l’île montent et descendent rapidement, et parfois chargés de paquets ou tirant des ânes, qui sont le seul moyen de transport de marchandises de l’île. Depuis les hauteurs maximales, nous voyons cette mer-lac sur 360°, entourée de baies et de collines qui descendent jusqu’à l’eau en formant de douces prairies, et contemplons son immensité et sa beauté. L’île s’étend au nord en prenant la forme d’un animal préhistorique qui émergerait de l’eau. Pour celles et ceux qui aiment admirer le crépuscule avec ses changements de couleurs, ou l’aube pour les lève-tôt, ou encore pour voir des nuits étoilées après minuit, l’on peut faire tout cela au même endroit, il faut juste s’habiller chaudement et ouvrir la porte de sa chambre. Je suis sortie dans la nuit pour observer les étoiles et j'ai aperçu Mars qui brillait au-dessus de moi alors je me suis rappelé qu'avant de partir de France, je l'avais repéré en la fixant au Sud.

Plusieurs communautés Andines, Quechua et Aymara vivent actuellement dans les îles. Ce sont elles qui organisent les visites aux îles et qui gèrent l’argent des visites et du transport en embarcations. Le lundi, les habitants s’emploient à ramasser tous les déchets laissés par les touristes. Les seuls hôtels sur l’île sont des extensions des maisons des habitants, qui ont les commodités nécessaires de base, et de l’eau chauffée par panneaux solaires. Personne ne peut y acheter de terre ou de maison, c’est ce qui a préservé ses habitants, qui vivent dans une lutte constante contre les contradictions apportées par le tourisme. À Copacabana, le village le plus proche, à 1h45 de bateau, vient de s’achever la construction d’un aéroport, afin de permettre un meilleur accès du tourisme international. Le plat typique du lac Titicaca est la truite, qui est une espèce importée du Canada.

Les INCAS ne représentent pas à proprement parler une culture, mais plutôt l’ensemble de toutes les cultures qui ont existé au Pérou et en Bolivie depuis plusieurs siècles. Ils collectèrent toutes les avancées de ces peuples pour les unifier en n’en gardant que le meilleur. Ils créèrent ainsi des voies de communication : notamment le Chemin des Chasquis, 22 000 km de voies empierrées qui reliaient la mer à la cordillère puis à l’Amazonie. Des aqueducs, toujours en fonction aujourd’hui, irriguaient les plantations ; les terrasses étaient utilisées pour améliorer les propriétés des cultures, Des terrasses de hauteurs différentes selon le produit cultivé. Dans le domaine architectural, ils édifièrent des constructions antisismiques. Leur connaissance des plantes médicinales était très développée. Leurs points forts étaient les mathématiques et l’astronomie. Les Incas ne pratiquaient pas de religion mais avaient une vision cosmologique du monde.

Ils s’installèrent à Cuzco, « le nombril du monde », le long du fleuve Urubamba, qui dessine une grande vallée fertile. Leurs villes furent construites dans ce que les touristes nomment aujourd’hui le Valle Sagrado (la Vallée Sacrée), notamment la ville Inca de Pizac et Ollantaytambo, et, en aval du fleuve, à Aguas Calientes, d’où part le chemin qui monte au Machu Pichu, cité construite au sommet d’une montagne rocheuse, et qui défie toutes les lois de la nature, tout en s’intégrant naturellement dans le paysage.

LES ÎLES FLOTTANTES

Côté péruvien, nous avons visité les îles flottantes d’Uros, construites en plusieurs endroits par les habitants du lac Titicaca. Ces îles sont faites avec les racines des joncs, qui s’emmêlent dans la vase en formant des blocs flottants quand elles sont désolidarisées du fond, ces blocs s’entrelacent et sont amarrés à d’autres plateformes jusqu’à former une surface assez grande pour permettre à une famille d’y habiter : grands-parents, parents, enfants, petits-enfants et jeunes mariés. À cette première couche de racines terreuses de joncs, sont ajoutés des couches des joncs réalisés avec la même plante séchée, et, régulièrement, de nouvelles couches de joncs sont ajoutées. Marcher sur ces îles donne l’impression de s’enfoncer dans l’eau, comme si nous marchions sur un matelas d’eau. Sur ces couches de joncs, les maisons sont construites avec le même matériau, donnant à l’île et aux constructions une même couleur d’un jaune lumineux. 

Les îles sont amarrées entre elles afin d’empêcher que le vent ou le courant ne les emporte.

Les habitants des différentes îles – 90 à Uros – ont des chambres prêtes à recevoir les voyageurs. Sur la photo, nous pouvons vois Félix Coila, qui est Aymara, à l’instar de tous les habitants du lac. Il possède sa propre embarcation, qu’il utilise pour emmener les voyageurs voulant séjourner chez lui et ainsi profiter de passer un ou plusieurs jours au milieu du lac Titicaca.

FEUILLE de COCA

L’odeur des feuilles de coca que nous avons trouvées en vente libre sur les marchés du Pérou et de Bolivie m’a surpris. Cela sent comme les cacahuètes grillées, et change de goût en bouche. Il faut en prendre plusieurs, en retirer la veine centrale, et les placer contre la gencive, sans mastiquer. Il faut laisser la salive les faire macérer, et le jus descend lentement et en faible quantité dans la bouche. On ne sent pas vraiment d’effet particulier, mais cela donne sûrement un peu d’énergie. Quand nous étions au Machu Picchu, nous en utilisions toute la journée, et au retour, nous sommes descendus à pied jusqu’à Aguas Calientes.

En arrivant en Bolivie, nous avons discuté avec le directeur de l’office de tourisme de Copacabana, le professeur René Andrade, qui nous a expliqué que la consommation des feuilles de coca nécessitait d’utiliser une matière alcaline afin de développer tout le potentiel de la feuille. L’alcalin est la cendre provenant de la combustion de différents arbustes tels que le quinoa, et l’union des deux est ce qui produit dans le corps l’effet stimulant. Dans certaines régions, on utilise plutôt la nacre des coquillages, le bicarbonate de soude, entre autres. Les alcalins existent depuis la même époque que celle où l’on a commencé à consommer la feuille de coca et personne parle. Nous avons donc acheté un alcalin saveur cacao sur la place du marché afin de consommer la coca comme cela est préconisé. Nous en avons consommé pendant toute notre marche sur l’Île du Soleil, sans rien ressentir de particulier non plus, mais nous étions à 4000 mètres d’altitude, toute la journée sous un soleil ardent, et nous ne nous sommes arrêtés pour manger qu’à la tombée de la nuit. C’est sûrement la poudre alcaline qui a « réveillé » la feuille de coca, nous donnant ainsi la force de profiter de l’île. Dans tous les hôtels, il est proposé du maté de coca en libre accès.

Des preuves montrent que la consommation de coca date de 8 000 ans. Aujourd’hui, elle est interdite sous prétexte que l’on en fait de la cocaïne. C’est comme si nous devions interdire les mines de fer parce que c’est avec ce métal que sont fabriquées les armes à feu. Il y a sûrement des personnes qui ont un intérêt à interdire la culture de plantes de coca, car ainsi le prix de la cocaïne diminuerait. Cette plante est interdite par l’ONU depuis 1961.

 

*Le sommet Illampu, à 6 400 m d’altitude, se situe sur la cordillère des Andes, à l’est du lac Titicaca.

** Fermes typique des Andes [ndlt]

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Traduction par Juliette Deprez