Crédit Photo : Marches - SANCTUAIRE DE LORETO (c) Gimas
La région des Marches est une vraie boîte magique qui reste étrangement peu visitée. A son étendue rectangulaire et à son million et demi d’habitants, la nature a donné ce qu’elle a de meilleur : la mer (180 km de côte), la plaine, des collines et des montagnes rudes et sauvages. Son nom, qui remonte au haut Moyen Age, fait référence aux terres qui étaient dominées par les Markgraven, les marquis qui gouvernaient pour le compte des empereurs allemands ayant repoussé les Lombards au sud et les Byzantins au nord. Comparativement à la Toscane ou à l'Ombrie, la région offre peu de paysages fascinants, mais recèle un patrimoine riche en valeurs humaines, sociales et culturelles, qui sont toutes à découvrir. Ainsi, dans des centaines de villes, petites et grandes, les foires, les sagre (les fêtes), la gastronomie et les traditions témoignent d’un trésor, fruit d’une culture antique qui a su s’adapter aux exigences de la civilisation urbaine.
Ruelles colorées à Ancône et Renaissance italienne à Urbino
Insérée dans un amphithéâtre naturel, délimitée par trois collines, Ancône offre au visiteur des points de vue de choix et la possibilité de faire de belles promenades dans la vieille ville. Ici, il faudra profiter des ruelles colorées qui montent du port vers l’église de San Ciriaco, érigée sur la colline Guasco et dédiée au saint venu d’Orient. Dans le centre en revanche, il faudra aller vers la via Pizzeccolli au palazzo Bosdari (XVIe siècle), en traversant tout le cœur de la vieille ville, avant de partir se promener dans le parc du Conero près d'Ancône. Seul cap existant entre Trieste et le Gargano, dans les Pouilles, le mont Conero (572 m) est à moins de 10 km au sud d’Ancône en suivant la route d’un littoral aux paysages époustouflants. Zone protégée, ce promontoire offre des paysages, des plages, une végétation et des fonds marins uniques. Il faut visiter le Fortino Napoleonico, forteresse militaire ouverte sur la mer bâtie vers 1810 par Napoléon. Le fort a été transformé en hôtel de prestige en 1982.
Puis, il faudra admirer la cité ducale d’Urbino depuis le Parco della Resistenza, avant de plonger dans l’atmosphère Renaissance de ses ruelles pavées. Urbino, c’est une des cités magiques de la Renaissance italienne, « le laboratoire de l’utopie », dit d’elle l’écrivain Paolo Volponi. Le Palazzo Ducale, œuvre de l’architecte Luciano Laurana, est un édifice extraordinaire. En 1483 naissait à Urbino Raffaello Sanzio, le grand Raphaël. Entrée dans les Etats du pape en 1632, Urbino n’en sortit qu’en 1860. La ville, qui est aussi une cité universitaire réputée, est sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco.
Bijoux de la nature et ville aux cent tours
Crédit Photo : Marches - GROTTES DE FRASASSI (c) ValerioMei
Place ensuite à l'univers mystérieux des célèbres grottes de Frasassi. Un véritable trésor naturel ! Au cœur du Parc naturel régional Gola della Rossa et Frasassi, ne manquez pas l'un des spectacles les plus fascinants d'Europe ! A environ 60 km de la « capitale » des Marches, cette aire protégée de plus de 10 hectares est caractérisée par une série de gigantesques gorges calcaires et de grottes parmi les plus intéressantes d'Italie. Elles offrent plusieurs itinéraires entre stalactites et stalagmites aux dimensions impressionnantes, petits lacs et une salle centrale de 200 m de haut, capable de contenir le Dôme de Milan !
Puis il faudra aller respirer dans les paysages à couper le souffle de la réserve naturelle de la Gola del Furlo, près de Pesaro. Créée en 2004, cette réserve naturelle de plus de 3 ha est réellement splendide avec son eau émeraude et la richesse de sa faune et sa flore. La gorge du Furlo, très impressionnante, mérite le détour. Cette étrange galerie, longue de 38 m et haute de 6 m, a été creusée en 76 ap. J.-C. pour permettre le passage de la via Flaminia. Des architectes modernes en ont parlé comme d’une sorte de petite Corinthe.
Pour se remettre, on s’installera pour une fin d’après-midi sur la Piazza del Popolo à Ascoli Piceno. Juchée sur un plateau entre les fleuves Tronto et Castellano, entièrement bâtie en blocs de travertin, l'élégante Ascoli a admirablement réussi à conserver son centre historique dont le style remonte au Moyen Age et à la Renaissance. Et sa Piazza del Popolo donc est un véritable salon public au volume et aux édifices harmonieux. C’est véritablement le joyau de la « ville aux cent tours ».
Dès l’arrivée des beaux jours, on pourra plonger dans les eaux bleues de l’Adriatique depuis les plages de Fiorenzuola, ou mêler belles pierres et sable chaud dans les douces villes de Pesaro et Fano.
Fiorenzuola Di Focara est un endroit magique mais difficile d'accès. Au cœur du parc Monte San Bartolo, le petit village médiéval se dresse sur un éperon rocheux. Un point de vue saisissant sur la côte surgit alors. Mais le plaisir ne s'arrête pas là. En contrebas d'un chemin escarpé se dessine une plage de rêve. Certes, il faut avoir le courage de remonter la pente une fois la baignade terminée, mais ce lieu unique vaut bien quelques efforts...
Pesaro est elle la ville du grand compositeur d'opéra Gioacchino Rossini, qui y naquit en 1792 (mort à Paris en 1868). Mais c'est aussi une station balnéaire qui doit l'extrême douceur de son climat aux collines vertes et rondes qui la dominent. La ville antique tient en un quadrilatère qu'il est agréable de traverser à pied ou à vélo. Dans le centre-ville, on trouve les perles de Pesaro : le Palazzo Ducale, le Duomo, le Museo Civico, et la piazza del Popolo embellie par la fontaine dei Tritoni du XVIIe siècle.
Enfin, à l'instar de Pesaro, la ville de Fano conjugue à merveille le cachet d'une ville d'art aux plaisirs d'une station balnéaire très hospitalière. Sa structure urbaine, marquée par les imposants remparts d'Auguste, est liée à la Rome antique, Fano étant un débouché important sur l'Adriatique. Au fil des siècles, la ville s'est enrichie de nombreux monuments de grande valeur, notamment sous l'impulsion de la riche famille Malatesta. Aujourd'hui, il fait bon flâner dans les ruelles du centre historique, d'où se dégage une belle atmosphère, à la fois chic et douce. Côté plage, la grande fierté locale vient de la qualité de l'eau, labellisée par le pavillon bleu d'Europe mais aussi par les « trois voiles » décernées par l'association environnementale italienne Legambiente. Deux plages sont divisées par le port de la ville : à l'ouest, une belle étendue de sable fin ; à l'est, la Sassonia, une jolie plage de galets. De quoi conclure en beauté ce petit périple dans une région injustement méconnue de la botte italienne.