Lorsque l'on pense vacances, on ne se dit pas tout de suite, aller hop c'est parti pour la Roumanie ! Pourtant c'est un très joli pays et le climat continental permet d'y faire du ski l'hiver ou de profiter de la mer l'été. Donc une destination très sympa pour profiter de belles promenades dans les forêts (nombreuses) et les montagnes ou même faire la fête en été (les bords de mer sont souvent la destination de prédilection des jeunes étudiants)
Bon, nous y sommes allés en novembre... Ce n'est ni vraiment la douceur estivale ni vraiment la fraîcheur hivernale donc ni ski, ni baignades pour nous.
On retourne simplement aux origines de Dana, le pays dans lequel elle est née. On va respirer l'air vivifiant des Carpates, manger et faire une multitude de photos (en espérant croiser des ours... oui oui !!)
Vol direct Paris - Bucarest puis on récupère la voiture et on file vers Brașov (150 km... 2h30, normal). Il fait beau et le soleil couchant offre une douce lumière sur l'horizon.
On va passer 1 semaine à Brașov, en plein cœur de la Transylvanie et vadrouiller un peu autour.
BRAȘOV
Brașov est située au centre du pays, au milieu des Carpates. C'est la ville dans laquelle Dana est née.
Le centre historique de Brașov (Kronstadt en allemand) est coloré et plutôt bien préservé comparé aux barres d'immeubles communistes qui ont été construites autour.
Les premiers jours sont donc destinés à parcourir la ville. La place centrale est occupée par quelques terrasses et restaurants qui offrent une jolie vue sur les collines environnantes, L’endroit parfait pour planifier sa journée. Au soleil.
A quelques pas de la place centrale, on trouve l’Eglise noire, qui porte bien son nom, émergeant fièrement d’entre les immeubles environnants.
Brașov, comme beaucoup de villes en Roumanie, est surtout parcourue de nombreuses églises.
Celle-ci est l’église de l’enfance de Dana, celle dans laquelle sa grand-mère l’emmenait.
Celle dans laquelle l’encens venait piquer le nez et les bisous des dames piquaient parfois les joues.
Celle dans laquelle Dana rentre à chaque fois qu’elle est en Roumanie, juste pour se souvenir de cette atmosphère si particulière empreinte de dorures et de chants religieux.
Si vous venez à Brasov, vous verrez probablement ces grandes lettres blanches avec le nom de la ville inscrit en haut de la montagne. Un peu comme Hollywood. Mais en Roumanie.
Il est possible de s’en approche. Il faut rejoindre un petit téléphérique qui nous amène sur Timpa. A partir de cette montagne la vue est magnifique. En contrebas, la vallée et la ville s’étirent vers les plaines.
Il est même possible d’assister aux empreintes de l’histoire : les traces des changements d’architectures sont visibles d’ici. Alors que le centre-ville est parcouru de maisons anciennes, au loin se dressent les immeubles construits sous l’époque communiste et qui encerclent le centre historique.

POIANA BRAȘOV
Pendant ces quelques jours, on décide de reprendre la voiture et aller manger un morceau à Poiana Brașov, la station de ski à une dizaine de kilomètres de Brașov. Bon évidemment, là, il n’y a pas de neige. Mais les couleurs restent splendides.
On se dirige donc vers « Coliba Haiducilor » : « le » resto de Poiana. La décoration typique y est tout en sobriété. On retrouve les plats typiques roumains : sarmale (viande hachée enroulée dans des feuilles de choux accompagné de polenta), soupe de haricots blancs et oignons rouges, mititei (mélange de viande grillée) le tout accompagné d’une petite tuica, la fameuse eau de vie de prune roumaine…
LE CHATEAU DE BRAN : A LA RENCONTRE DE DRACULA
Transylvanie et mythe de Dracula obligent, on organise une journée au Château de Bran.
Petit point historique sur le mythe de Dracula inspiré de la vie d'un vrai prince.
Bon autant aller droit au but : ce n'était pas un vampire. On vous a donc menti pendant tout ce temps.
Il s'agit de Vlad Basarab également connu sous différents noms : Vlad Țepeș (l'"empaleur" en roumain), Vlad III l’Empaleur. Et surnommé Dracula.
Né au XVème siècle (aux alentours de 1430) à Sighișoara, son père est Vlad II Le Dragon (Vlad Dracul). Ce surnom est dû à son appartenance à l'ordre du dragon (pas des vampires).
Il a une enfance paisible puisqu'il est envoyé dans l'empire ottoman comme otage du sultan Murad II. Plutôt sympa. Bon malgré tout il vivait en qualité de prince donc avait certains privilèges, ayant lui-même des serviteurs...
Il rencontre donc plein de joli monde dans l'empire ottoman, se fait des potes sympas avec qui il assiste probablement à ses premiers empalements (si tu changes quelques lettres à empalement ça fait : "gentille torture envisageant la rencontre d'un pieu et d'un corps humain, les deux finissant imbriqués...").
En 1448, de retour des terres ottomanes, il profite de l'absence de chef de l'époque et prend "discrètement" le pouvoir. Gros succès. Il reste sur le trône 2 mois. Chassé il prend la poudre d'escampette et se fait discret pendant quelques temps.
En 1456, il profite d'un petit remue-ménage dans la région (consécutif à la chute de Constantinople), pour revenir au pouvoir, tuer l'ancien chef (comme ça on est sûr qu'il ne voudra plus le trône) et installer un gentil régime de terreur contre les aristocrates. Il combat la corruption, empale pour l'exemple quelques brigands et se fait aduler du peuple. Rien que ça.
Après quelques luttes, il réussit à se maintenir au pouvoir jusqu'en 1962, année durant laquelle il brise son alliance avec les Ottomans, qui, en représailles décident d'envahir la Valachie. Cette mission est offerte à Radu cel frumos (Radu le Beau), qui l'accepte et s'encombre peu du fait qu'il est le frère de Vlad... (rien de tel qu'une petite bataille fratricide : il y a une matière romanesque à exploiter, il faut l'avouer). Vlad perd du terrain mais laisse quelques surprises aux Turcs, qui arrivant à Târgoviște se trouvent nez à nez avec des centaines d'officiers turcs (anciens prisonniers de Vlad) empalés sur des pieux (scène surnommée "La Forêt des Pals"). Finalement, le frérot, Radu le Beau monte sur le trône en août 1462.
Voulant s'appuyer sur des soutiens hongrois qui se révèlent peu accueillants, Vlad Țepeș est finalement fait prisonnier à Buda (capital de la Hongrie) pendant 12 ans (pas sympas les hongrois...)
Une fois libéré, il retourne en Valachie et développe la bourgade de Bucarest qui va prospérer à cette époque-là pour devenir la capitale de la principauté.
Il est à nouveau reconnu prince en 1476 mais meurt la même année, dans des circonstances floues (l'éventualité d'un assassinat est étonnamment envisagée...)
C'est donc ce personnage qui a inspiré le Dracula de Bram Stoker publié en 1897.
Le Château de Bran n'offre en réalité que peu de traces de Vlad Țepeș mais des photos de la reine Maria ayant régné sur la Roumanie jusqu'en 1938.
Après cet intermède historique, voici quelques photos du Château et de la ballade faite dans la forêt aux alentours.
UNE VIREE DANS LA CAMPAGNE ROUMAINE : MAGURA
De la Roumanie finalement, on ne connait pas grand-chose et encore moins ses campagnes. C’est dire. Mais on ne demande qu’à parcourir ce pays, le vivre, le sentir, le découvrir.
La ville a été marquée par le communisme, les immeubles s’y étirent dans des banlieues grisonnantes. Mais la campagne, elle, est restée authentique, intense. Du moins c'est comme cela que nous l’avons vécue.
Après avoir découvert Bran et n’avoir pas rencontré Dracula, nous avons décidé de marcher. Juste se promener sur les chemins de terre, entre les maisons fermées et les moutons égarés.
Nous sommes arrivés à Magura. Nous nous sommes rapidement délestés de notre voiture et avons endossé nos chaussures.
Pas de trajet de randonnée planifié. Nous avons décidé de suivre le chemin. Au gré du vent et des animaux.
Et ce fut magique :
Le temps était changeant ce jour-là. De la pluie nous a accueillis. De la boue sur nos chaussures mais le sentiment intense d'être bien, là entre les montagnes environnantes.
Le froid commence à se faire sentir en cette mi-novembre. Les cheminées se mettent à fumer, seule indication d'une présence humaine autour de nous.
Nous sommes seuls sur ces chemins.
Et enfin le soleil revient. Il dessine le relief de ces champs, de ces montagnes. Colore les toits rouges et réchauffe nos pieds glacés.
Un berger croise notre chemin. Il se met à courir après ses moutons. Une course folle démarre après ces bêtes qui accélèrent de plus belle.
Résolument ce pays est magnifique : réservé mais intense. Il faut le parcourir, partir à la découverte de ses secrets. Aller au-delà des clichés qui parfois peuplent les esprits des étrangers. C’est un pays qui vibre, qui partage, qui accueille et qui ne demande qu’à être découvert.
Article rédigé par Le Monde de Tikal, blogueurs ambassadeurs du Salon.